samedi 28 juillet 2012

L'amour ne suffit pas : chapitre 21


Chapitre 21 — Japon


            Mû inspira.
            Téléporter n’était pas si dur, mais il devait se concentrer pour ne pas commettre d’erreur. Le moindre atome oublié pouvait poser problème.
            Le vent soufflait dans ses cheveux lâchement noués, murmure léger à son oreille. Shiryû, énergie forte et brutale, bruissant en cascade longue. Le saisir, détailler chaque molécule, plier l’espace-temps et renvoyer plus loin le jeune homme sans danger. Puis ses amis… Hyôga, blizzard froid contre l’esprit de Mû l’étudiant. Shun, tempête déchaînée soufflant sans contrainte sur l’âme de Mû. Puis Pégase, le chevalier pour qui Shiryû était prêt à donner sa vie, éclat doré dans le noir. Mû tendit les bras en recueillant le jeune homme inconscient dans ses bras. Il devait se presser.
            Des Chevaliers d’argent. Il les avait sentis venir alors qu’il attendait l’issue du combat entre Shiryû et les autres contre Phénix. Il en comptait cinq. Il faudrait bien les occuper… En souriant, Mû téléporta les corps des Chevaliers noirs défunts.
  « Maître, que mijotez-vous ?, demanda la voix flûtée à ses côtés. Vous tramez toujours quelque chose quand vous faites cette tête ! »
            Mû se contenta de sourire à l’enfant en réponse. Ils devaient quitter les lieux au plus vite. Portant toujours Seiya, il sonda ce dernier, son disciple et lui-même. Partir encore plus loin… Il sentait les cosmos des Chevaliers d’argent, feux follets vibrant autour de lui. L’un se rapprochait dangereusement. Mû lança la téléportation, ses pieds s’enfonçant soudain dans le sable chaud.
            La mer ronronnait sur sa droite, vibrato doux. Le soleil baissait un peu, mais le sable brûlant faisait transpirer Mû, et Seiya le ralentissait. Ce dernier bougonna quelques mots en japonais sur son épaule.
  « Il fait une drôle de tête, et il…, s’interrompit soudain le disciple de Mû. Bah c’est dégueu, il bave !, s’exclama-t-il en reculant.
  – Kiki ! », le gronda Mû.
            L’interpellé fourra les mains dans ses poches et accompagna en regardant d’un œil torve le Japonais inconscient.
            Mû sentait de plus en plus leur poursuivant se rapprocher. C’était… le Chevalier du lézard oui. Mû percevait presque son haleine souffler sur sa nuque. Elle était plus chaude encore que l’air, et brûlait la kératine de ses cheveux.
  « Maître Mû ! », s’inquiéta Kiki en pointant le doigt derrière eux.
            Mû s’arrêta, sachant qui venait d’apparaître. Il regarda distraitement le corps androgyne, les yeux rieurs, entendit les paroles de mépris. Le Lézard savait pourtant très bien quel était le rang de Mû par rapport à lui. Mû jaugea froidement l’état de sa disgrâce actuelle auprès du Sanctuaire. Mais il savait bien que le Pope dont Misty lui parlait en face n’était pas le bon. Le vrai, Mû s’en souvenait…
            Seiya avait repris connaissance et s’était redressé face au Chevalier d’argent. Kiki appela l’armure de Pégase pour l’aider et Mû ferma les yeux. Il n’écoutait pas le bruit du combat qui s’engageait entre Misty et Pégase. Il devait distraire les autres chevaliers venus avec Misty. Il les chercha de l’esprit, les localisa un par un. Mû rit. Il était peut-être en défaveur, mais il était toujours puissant. Il agita les cadavres des Chevaliers noirs devant les compagnons de Misty, et ces derniers n’y voyaient que du feu, persuadés de combattre les originaux, sûrs de les avoir vaincus.
            Mû rouvrit les yeux. Seiya aussi avait battu Misty. Se détournant, Mû partit, atome par atome…


            Ils les avaient vaincus. Misty, Mozes, Babel et Astérion. Et Marin… Disparue avec un message énigmatique. Athéna ?
            Seiya sentait son cœur battre trop vite, sa respiration haleter contre son gré. Shiryû, Hyôga, Shun… Tous étaient revenus.
  « L’armure… Misty la prétend fausse », expliqua Seiya.
            Shiryû haussa les épaules. Les autres rirent.
  « Nous devons la ramener quand même », dit le Chinois.
            Tous hochèrent la tête en approuvant.
  « Puis on se casse, rajouta Hyôga en posant la main sur l’épaule de Shun. Le job terminé, nous pourrons nous concentrer sur autre chose. »
            Il caressa distraitement une boucle des cheveux de Shun qui eut un sourire triste.
  « Oui…, confirma Seiya, je chercherai ma sœur seule. Saori et son tournoi… Vers quoi ça nous a menés ! Une amie me le faisait remarquer dernièrement. »
            Ils se regardèrent en riant.


            Saori ne manquait pas de culot quand même, se dit Seiya. Athéna. Mais bien sûr. Et le tournoi était fait pour révéler le mal. Hum. Athéna quand même ! La déesse qu’ils étaient censés servir et qui était au Sanctuaire.
            Seiya lui tourna le dos. Ses amis ne semblaient pas plus y croire que lui et l’imitaient.
            Le Colisée avait été détruit, sans doute par les Chevaliers d’argent qu’ils avaient croisés. Qu’ils partent avec l’armure fausse !
            Mais l’armure l’avait protégé du coup d’Ikki…
            Seiya hésita un instant. Malheureuse coïncidence. Il sortit du théâtre, où l’attendaient déjà ses camarades.
            Un cri s’éleva alors derrière eux. En une volée noire et croassante, Saori s’élevait dans les airs, l’armure soupesée aussi par des corbeaux.
            Et merde.
            Sans réfléchir plus longtemps, Seiya courut derrière la jeune femme enlevée criant aux autres de s’occuper de l’armure.
            Saori…
            Menteuse, effrontée, jouant avec eux.
            Pourquoi courait-il pour la sauver ?
            Parce que…
            Le cerveau de Seiya refusa de se demander plus de choses, le faisant juste courir vers la robe blanche flottant dans le ciel.


            Hyôga commençait à être fatigué de ramasser sans cesse les morceaux de l’armure du Sagittaire. Certes, cette fois, ça avait été plus simple. Ils avaient tout récupéré vite, ce n’étaient que des corbeaux après tout.
  « Seiya est par là-bas ! », s’exclama Shiryû en montrant un coin.
            Ils se précipitèrent vers l’endroit indiqué. Le vent soufflait derrière eux, les poussant vers leur but.
            Hyôga vit les grands yeux de Shun s’écarquiller brusquement.
  « Ikki ! », avait-il chuchoté avant de lancer sa chaîne.
            Un sentiment abrupt scia Hyôga. Il descendit de son sternum pour descendre dans son ventre, coupant ses nerfs de douleur. Hyôga sursauta.
            Il s’avança vers Ikki, le regard froid. Le Phénix avait essayé de tuer son propre frère, avait plongé son poing quasiment jusqu’au cœur de Hyôga. Cependant il avait protégé Seiya. Et pourtant Shun voulait le pardonner. Alors…
  « Va dans le volcan de l’île Canon. Ca soignera ton bras gelé », dit-il.
            Ikki lui jeta un regard étrange. Hyôga déglutit, mais ils n’avaient pas le temps, Shun retenait Cerbère, mais ça ne tiendrait pas longtemps, et Persée avait un sourire inquiétant. Shun jeta un dernier coup d’œil vers son frère, le vert de l’iris palpitant. La sensation était vraiment désagréable pour Hyôga. Il vit les poings d’Ikki se fermer, tremblant légèrement, et le vit partir plus vite que le Phénix ne voulait en donner l’impression.
            Hyôga se tourna vers les Chevaliers d’argent, Shun et Shiryû à ses côtés.
            Ils se battraient.


            Pourquoi ?
            Shunrei s’était cachée au-dessus du lavabo, tentant de réprimer ses larmes.
            Pourquoi était-il allé jusqu’à ça ?
            Une poche en plastique était suspendue à une tige, et le tube qui le prolongeait plongeait en Shiryû en liquide incolore.
            La première fois, il avait failli mourir.
            Puis il était allé se vider de son sang et avait enchaîné avec un combat dangereux.
            Enfin, il s’était crevé les yeux. Ses beaux yeux sombres, où coulaient toutes ses émotions. Il n’y avait plus qu’un bandeau sanguinolent et des orbites creuses.
            Shunrei s’accrocha au lavabo.
  « Je n’en peux plus… », murmura-t-elle.
            Derrière elle, elle entendit un gémissement.
  « Shiryû ! », s’étouffa-t-elle en courant à son chevet.
            Elle saisit sa main, entrelaçant ses doigts aux siens, et la porta à sa bouche pour poser un léger baiser. Il tremblait un peu, ses longs cheveux collant à sa peau en sueur. Le drap avait glissé, et révélait les cicatrices sur son torse. Shunrei caressa le poignet pansé, tentant de faire cicatriser les veines coupées par sa douceur.
            Elle l’aimait…
            Il ouvrit la main et toucha la joue de la jeune fille de sa paume.
  « Je… Je voudrais juste… te voir », balbutia-t-il.
            Elle sourit, et glissa les doigts sur son visage. Encouragé, il dessina les traits fins de ses phalanges, esquissant en douceur le nez retroussé, les sourcils hauts, ébauchant les lèvres rondes.
  « Je…, commença-t-il. Ne pars pas ! »
            Shunrei se pencha et embrassa son front.
  « Jamais, chuchota-t-elle. Quand tu seras en état de voyager, je te ramènerai chez nous. Et là, tu iras mieux et tu guériras… »
            Elle entendait le cœur de Shiryû qui battait vite, rythme désorientant. Elle commença à se redresser, mais Shiryû la maintint vers lui.
  « Reste… », chuchota-t-il en caressant une mèche détachée de la jeune femme.
            Elle rapprocha ses lèvres des siennes en un soupir, frôlant leur douceur mouillée de sueur. Il ouvrit la bouche, et elle y plongea en baiser doux et inexpérimenté, goûtant l’amertume de l’assouvissement de son désir.
            Il ne verrait jamais plus mais… cela le rapprochait d’elle.
            Shunrei eut honte de cette pensée.


            Hyôga réfléchissait, assis sur son lit, la lettre à la main.
            Yakoff lui avait écrit. Il s’inquiétait de sa santé. Il l’avait vu à la télévision, et assisté à l’enlèvement de l’armure. Il se faisait du souci. Et Camus avait disparu disait-il. Yakoff demandait à Hyôga de revenir.
            Le Russe se mordit les lèvres.
            Il semblait bel et bien que tout était terminé. Seiya voulait repartir chercher sa sœur. Shiryû était inapte au combat. Et Shun… Hyôga frémit. Il revoyait nettement le coup d’œil de Shun vers Ikki, ressentait le sentiment qui l’avait traversé alors. Il avait été saisi d’une pulsion de jalousie pour… un sentiment fraternel ? Hyôga eut honte. Sans doute devrait-il prendre le temps de réfléchir avant de s’avancer plus loin dans cette direction. Oui…
            Il irait en Russie retrouver Yakoff.
            Soulagé de cette décision, Hyôga se laissa tomber sur le matelas.
            Le rire tiède de Shun résonnait encore en lui, faisant vibrer sa poitrine. Hyôga ouvrit les yeux sur le plafond blanc.
            La neige éternelle effacerait ses peines et lui donnerait la solution.
            La banquise l’appelait.

lundi 23 juillet 2012

L'amour ne suffit pas : chapitre 20

Chapitre 20 — Cavernes du mont Fuji


            Shunrei serait mécontente si elle savait. Shiryû se sentait lentement glisser, flottant entre deux mondes. L’air était chaud contre sa peau, et le picotement du soufre une caresse étrange alors qu’il sombrait. Il était bizarrement bien alors que son souffle vital coulait loin de lui, en flots sombres de souffrance évanouie.
            Puis son adversaire planta ses doigts en lui et Shiryû revint dans la réalité concrète de cette dimension. Le sol était granuleux sous son dos, roche acérée, l’atmosphère était difficilement respirable et son corps n’était que douleur. Il toussa, crachant un peu de sang. Il se redressa, entendant le cliquetis des chaînes et le tintement des cloches sur sa droite. Shun remontait doucement, Seiya sur l’épaule, le visage inquiet.
          Serait-ce comme cela ? Allaient-ils tous y passer un par un ? Le volcan au dessus d’eux les engloutirait et l’air acide rongerait leur peau jusqu’à l’os. Shiryû frissonna. Non, ils avaient survécu, ils continueraient à le faire. Il regarda le corps noir de Seiya et plongea les doigts sur lui, ignorant les cris de protestation de Shun, n’expliquant que brièvement. Il appuya sur les points de la constellation de Pégase, laissant un sang corrompu sortir du corps de Seiya. Une odeur âcre métallisée remonta dans leurs poumons. Shun grimaça, sur le point de vomir.
            Shiryû se tourna vers le jeune homme châtain.
  « Tu devrais rester ici, deux frères ne devraient pas s’affronter. »
            Shun lui sourit.
  « Au contraire… Je dois y aller. »
          Shiryû le fixa quelques secondes et haussa les épaules. Il était assez grand pour avoir le cœur brisé.


            Les doigts ensanglantés d’Ikki tremblaient. Le Russe avait failli l’avoir. Avec son regard bleu, ses cheveux de poupée blonde, il était plus coriace que ses traits délicats ne le laissaient supposer. Si le Cygne noir ne l’avait pas prévenu en y laissant sa vie, Ikki n’aurait pas su contrer l’attaque. Il regarda sa main rouge. Le corps de Hyôga reposait un peu plus loin, alors qu’Ikki s’en éloignait à chaque pas.
            C’était étrange, il se sentait vide, indifférent à la dépouille délaissée. Pourtant il se souvenait. Il se souvenait l’avoir aidé enfant. Il se souvenait que Shun l’adorait. Il se souvenait qu’il lui avait laissé la garde de son frère bien-aimé de nombreuses fois. Il se souvenait que Hyôga était devenu beaucoup trop proche de Shun à son goût. Il se souvenait qu’il le haïssait pour ça. Ikki cria contre le sol.
            Il se redressa en s’éloignant de plus en plus, s’engouffrant dans le labyrinthe des grottes. Le Pégase noir et Seiya avaient fait match nul, chacun le payant de sa vie. Le Dragon noir l’avait trahi au lieu de faire de même. Et Shun avait vaincu sans problèmes son homologue noir. Deux venaient donc vers lui. Deux à éradiquer au plus vite. Dont Shun. Ikki serra son poing gluant.


            Les murs se rapprochaient de plus en plus, sensation oppressante qui frôlait leurs hanches. Et l’odeur… Elle envahissait leurs poumons en parfum âcre, les faisant tousser, brûlant la muqueuse fragilisée.
         Une lumière éclairait le fond du tunnel, semblant venir d’une salle souterraine plus large. Shun et Shiryû clignèrent des yeux, éblouis, alors qu’ils s’avançaient vers l’éclairage.
       Des lanternes étaient posées au milieu d’une pièce vaste et Ikki les attendait au centre, les yeux durs pointés sur eux. Shiryû inspira. La chaîne de Shun s’abattit sur sa nuque, le plongeant dans l’inconscience.
  « Désolé Shiryû… », s’excusa Shun alors que le corps inconscient s’écroulait par terre.
       Ikki l’observait, ses yeux d’un bleu de crépuscule posés sur le visage doux, les épaules légèrement frémissantes. Shun planta son regard de prairie dans celui d’Ikki, se rapprochant de lui. Il s’agenouilla.
  « Je… je sais…, bredouilla-t-il. Je… je veux bien… »
            Ikki ouvrit la bouche sans savoir répondre. Les iris de Shun palpitaient, et le vent soufflait sur leur blé vert. C’était impossible. Ikki ne croyait pas à ce sacrifice improbable.
  « Foutaises. Tu veux seulement être conciliant. Tu ne veux pas vraiment…
  – Si… J’ai réfléchi, je veux bien… »
           La voix était moins hésitante, plus assurée. S’il lui donnait ce qu’il voulait, la frustration d’Ikki s’évacuerait loin de lui, et le visage tendre de son frère réapparaîtrait. Si c’était ce qu’Ikki désirait, Shun était prêt à tout.
  « Menteur, tu trembles…, contesta Ikki Et je refuse de me laisser aller à ça… », chuchota-t-il.
         Shun agrandit les yeux, saisissant soudain la fin du sentiment honteux. Il sentit ses cils se mouiller alors qu’il déclarait :
  « Alors tue-moi. Tout disparaîtra avec moi. Mais pas les autres, ils n’y sont pour rien. Juste moi… »
            Ikki se rapprocha de Shun. Il était mince, la nuque étroite. En un coup, tout serait fini, il ne s’en rendrait même pas compte. Il tendit la main.
  « Frapper son propre frère, qui s’est rendu, quel acte héroïque ! », s’exclama une voix familière.
            Hyôga avança, souriant légèrement à Shun qui lui rendit un regard doux. Une compréhension cruelle déchira le cœur d’Ikki en jalousie pure. Pourquoi n’était-il pas mort ?
  « Il n’y a que lui qui devrait être mort », répondit Seiya de l’autre côté.
            Ikki retourna le visage vers lui. Seiya était vivant… Ikki entendit incrédule Shun protester. Il voulait aller jusqu’à le tuer et Shun prenait sa défense ?

            Ils se dressaient tous contre lui, Ikki sourit indifférent.
  « Que s’est-il passé sur cette île ? », demanda la voix douce de Shun.
            Assez !
       Ikki lança son attaque contre le corps mince de son frère mais Hyôga se plaça devant, protégeant le jeune homme. Ikki se crispa, la rivalité glissant en sueur gelée le long de sa colonne vertébrale. Le Russe prétendait lui renvoyer son attaque d’illusion ? Impossible, l’âme d’Ikki était morte, le coup ne lui ferait aucun effet.
           Impossible…
          Ikki trembla en revoyant le visage d’Esméralda se transformer en celui de Shun, en ressentant son désir refoulé se cacher, en réentendant Guilty lui murmurer ses paroles pleines de fiel. Le sang courait sur la terre de l’île, et son cœur plongeait son envie dans son corps honteux, le corps froid de la jeune fille dans ses bras, ayant ôté le masque de Shun. La culpabilité dévora Ikki.

           Ikki rouvrit les yeux sur Hyôga, replongea son poing en lui. Il ne voulait plus voir ce visage fin. Ce visage avait le pouvoir de le rendre malade de jalousie, de lui faire revivre des choses qu’Ikki refusait. Il lança le bras, saisissant le pendentif qui avait protégé le Russe, comprenant enfin pourquoi il n’était pas mort. Il entendit Shun hurler. Ikki n’en pouvait plus. Il lança une déflagration qui propulsa les Bronzes à terre.
            C’était fini, soupira-t-il.
            Il n’avait pas pensé que l’armure d’or reconstituée en protégerait un. Seiya… Ikki sut dès lors que son sort était tracé. Il savait que l’armure d’or donnait des pouvoirs spéciaux, réminiscence oubliée. Il lutta quand même, sachant qu’il serait vaincu. Mais à l’armure vint s’ajouter les pouvoirs des autres Chevaliers. Il n’avait pas frappé assez fort.
            Le visage doux de Shun remuait légèrement les cils, la bouche entrouverte pour respirer. le poing de Seiya avait vaincu Ikki, et. Il  tombait, ne parvenant pas à détacher le regard des traits fins de son frère. Et si… Et s’il s’était trompé ? S’il était possible de ne pas cesser de l’aimer, de juste accepter l’absence de possibilité de réponse à ce sentiment et juste… vivre ?
         Ikki laissa dériver ses yeux sur les corps inanimés. Shiryû serrait la main sur une roche, s’accrochant même inconscient. Hyôga avait posé le bras sur celui de Shun, dernier réflexe avant de s’évanouir sous le choc de l’attaque d’Ikki. Au dessus du front d’Ikki, Seiya transpirait, sueur rougeâtre, se mêlant au sang maculant sa chair. Elle tombait en gouttes cramoisies sur la peau d’Ikki, liquide brûlant et acide.
         Ikki sourit en reposant ses iris sombres sur Shun, qui entrouvrait les cils, commençant à reprendre conscience. Ikki l’aimait… Il devait apprendre à vivre avec cela, cesser de lutter contre le sentiment. Il l’accepterait sans jamais l’achever.

         Le sol se mit à trembler et les murs commencèrent à tomber en pierres chaudes. Ikki écarquilla les yeux, comprenant soudain. Le volcan était entré en éruption, et les cavernes allaient s’écrouler sur eux. Il se redressa, tendant le bras vers Shun. Mais un par un, chaque Chevalier disparaissait, comme téléporté ailleurs. Sauf Ikki.
         En riant, il se laissa écraser sous les gravats.




Suite -> Chapitre 21

lundi 16 juillet 2012

A coups de griffe


Pour A.

Warning : érotique, un peu SM par moment (même si ça ne dépasse pas les griffures)

Cette histoire m’a été demandée par une amie qui est fan du pairing Milo x Shaina. Comme je sais qu’elle n’aime pas Milo en blond, disons qu’il est passé chez le coiffeur se teindre les cheveux en bruns.  ^^; Notre Italienne est par contre toujours brune. :)


            La jeune fille était perdue.
            Althea avait voulu aller dans un coin du village qu’elle ne connaissait pas, à la recherche de l’échoppe de vins. C’était bientôt l’anniversaire de son amie, et elle voulait lui offrir un cadeau. Madgie n’aimait pas les bijoux, et autre fanfreluches. Elles auraient eu droit aux armes, Madgie aurait aimé une dague mais puisque la loi d’Athéna l’interdisait, elle avait opté pour du vin quand Althea était venue en rougissant lui demander ce qu’elle désirait. Mais la boutique était dans une partie du village loin de leur camp d’entraînement et Althea ne trouvait pas le bon chemin.
            Il faisait chaud dans cette après-midi, et la sueur commençait à glisser en gouttes salées sous son masque. Elle sentait son chignon serré commencer à torsader sous l’humidité de son crâne. Mais où était la boutique ?
            En tournant au coin d’une rue, elle heurta un passant.
  « Ohé jeune fille, regardez où vous allez ! », protesta-t-il.
            Elle releva la tête pour voir un homme musclé, une main sur les hanches, qui posait son regard clair sur elle. Althea bredouilla des excuses et commença à s’éloigner rapidement de lui.
  « Vous êtes perdue, non ? », l’interrompit-il.
            Elle acquiesça du menton.
  « Je cherche la boutique de vin…
  – Ah, Chez Dion ! Vous n’êtes plus très loin. »
            Il se rapprocha d’elle.
  « Allez venez, je vais vous montrer le chemin, proposa-t-il.
  – Je ne veux pas vous déranger, protesta-t-elle.
  – Ah ces jeunes gens ! », soupira-t-il.
            Il avança et se retourna vers elle en souriant. Timidement, elle le suivit.


            Le liquide était rouge et semblait voluptueux dans le verre alors que Dion l’agitait.
  « Vous voyez, c’est un vin rond en bouche, aux accents de framboise. Votre fiancée a-do-re-ra », s’exclama-t-il en exagérant les mots.
            Althea agrandit les yeux derrière son masque, rien que l’odeur suave lui semblait parfaite.
  « Je prends, je prends ! », s’enthousiasma-t-elle.
            Dion rit en se tournant vers l’étranger qui avait escorté Althea :
  « Tu m’amènes des clientes connaisseuses maintenant Milo ! »
            Le susnommé rit en retour derrière son poing.
  « Tout client est un connaisseur pour toi, non Dion ?
  – Surtout s’ils suivent mes conseils ! », se récria l’échoppier en agitant les mains en éventail.
            Il prit une bouteille du vin qu’Althea avait choisi et la glissa dans un panier en osier en forme de bombonne. Elle lui tendit des drachmes et il lui rendit la monnaie avec révérence outrageuse. Milo rit à nouveau et demanda à la jeune fille :
  « Tu sais comment rentrer ?
  – Pas trop… », avoua-t-elle, embarrassée.
            Il secoua sa chevelure brune en haussant les épaules.
  « Je vais donc continuer à te guider… Au revoir Dion ! », rajouta-t-il en levant le bras vers l’échoppier en sortant de la boutique.
            L’après-midi touchait à sa fin, et les rues s’étaient peuplées, le soleil moins haut chauffant moins. Althea restait silencieuse. Madgie serait contente mais leur maître… Certes elle avait donné une heure à Althea pour sa sortie, mais en se perdant la jeune fille y avait passé l’après-midi.
  « Qu’y a-t-il ?, demanda Milo. Vous tremblez.
  – Shaina… Elle sera furieuse.
  – Shaina ?, répéta Milo. Qui est-ce ?
  – Mon maître. Je ne devais pas rester absente si longtemps. »
            Milo haussa les épaules en continuant à la guider. Ce n’était pas son problème.

            Du moins le crut-il jusqu’au moment d’arriver.
            Une furie brune fonça sur la jeune fille, saisissant son bras avec poigne. Elle disait des choses peu polies et peu délicates, avivant violemment l’intérêt de Milo. Derrière, une jeune fille rousse tentait de protester et de soutenir la cause de son amie, en vain.
            La furie brune tendit un ongle accusateur vers Milo :
  « Et depuis quand un chevalier de rang aide-t-il les élèves à désobéir ? »
            Il haussa juste les sourcils.
  « Je me contente de la raccompagner. Pour le reste… »
            La furie brune le toisa. Puis elle saisit le bras d’Althea et la ramena dans le camp. Une minuscule médaille tomba de sa poche sans qu’elle ne le voie, et la furie disparut des yeux de Milo.
            Ce dernier se pencha et ramassa le pendentif. L’amie d’Althea, la rouquine, tendit la main vers Milo :
  « Donnez-le moi, je le rendrai à Shaina. »
            Milo observa la médaille. Elle était en or, avec une vierge à l’enfant ciselée finement dessus. Au dos, une date était gravée. Il sourit en la serrant dans sa main.
  « Désolé jeune fille, répliqua-t-il. Si… Shaina veut la reprendre, qu’elle vienne me voir. Elle sait de réputation où me trouver ! »
            Il partit en riant. La vigueur de cette femme l’intéressait, sa colère avait un parfum excitant qu’il souhaitait goûter. Oui, elle viendrait…


            Les pas étaient rapides et résonnaient dans tout le temple.
  « Où est-elle ? », ragea Shaina.
            Milo vint vers l’origine du bruit, un sourire aux lèvres.
            Elle était venue…
            Il avait laissé pour consigne de la laisser passer jusqu’à son temple, qu’il l’attendait, et elle était là, silhouette mince et vibrant de colère, oh qu’il voulait s’abreuver de son courroux !
            Elle se rapprocha vivement, et sans que Milo n’ait vu venir le mouvement, il se retrouva griffé, blessure légère et piquante. Il porta la main à son visage et regarda ses doigts légèrement rougis du sang de la plaie. Il sourit en sortant le pendentif de sa poche et le tint par la chaîne.
  « Serait-ce ceci que tu es venue chercher ? », demanda-t-il d’un ton innocent.
            Il l’entendit vitupérer, et un nouveau coup de griffe frappa son ventre.
  « Je ne comprends pas ce que tu veux alors ! », déclara-t-il en suçant les mots.
            Il bloqua un troisième coup qu’elle se préparait à envoyer.
  « Tu as un cosmos impressionnant pour un Chevalier d’Argent, mais crois-tu que cela m’impressionne ?, sourit-il.
  – Ma médaille… Rends-la moi », finit-elle par articuler.
            Il remonta la chaîne dans sa paume et regarda pensivement le pendentif.
  « Je suppose que cela a une valeur sentimentale… Bien, se décida-t-il, je serai bon seigneur, et pour te remercier d’avoir égayé ma soirée, je vais te la rendre. »
            Il se rapprocha de Shaina et posa la médaille dans sa main. Elle frémit imperceptiblement en plongeant le pendentif dans sa poche.
  « Egayer ta soirée ? Un combat ?, demanda-t-elle en redressant la tête vers lui.
  – Avec un bon adversaire, c’est toujours un plaisir », rit-il.
            Il lui tourna le dos en s’éloignant.
  « Attends ! »
            Shaina vint vers lui.
  « Tu sais ce que tu es ? », questionna-t-elle.
            Le soleil couchant glissait des reflets rouges dans ses cheveux, et ils semblaient habités d’une flamme divine. Milo agita la tête négativement.
  « Une pourriture ! », s’exclama-t-elle en le giflant si fort qu’il en tomba à terre.
            Elle alla au-dessus de lui, posant un pied de chaque côté de ses hanches.
  « Tu voles une chose que tu devines précieuse juste pour me faire venir ici ! »
            Elle s’agenouilla sur lui en le frappant à nouveau. Milo sentit son corps se durcir alors que le bassin de Shaina s’asseyait sur le sien, se frottant involontairement contre lui. Il l’entendit jurer.
  « Comme si je ne l’avais pas deviné… », murmura-t-elle en enfonçant ses ongles dans ses épaules.
            Elle le regarda un instant et détacha l’écharpe qui serrait sa taille. Elle se servit du tissu pour aveugler Milo en le serrant autour de son crâne.
  « Si tu le détaches, tu es un homme mort, chuchota-t-elle. Suis-je claire ? »
            Milo opina, se sentant plus rigide que jamais contre le corps tiède.

            Il entendit un bruit métallique de quelque chose qu’on posait sur les dalles puis une langue chaude envahit sa bouche. Son masque, elle avait ôté son masque. Elle l’embrassait avec avidité, goûtant chacune de ses papilles, caressant la muqueuse avide de la sienne. Milo se sentit envahi par le désir. Il l’avait désirée au premier moment où il avait posé les yeux sur elle. Jamais il n’avait pensé parvenir à ses fins. Les baisers de Shaina avaient un goût étrangement sucré, épice douce et mielleuse. Il ne s’attendait pas à ça. Mais ce moelleux caché sous le tempérament de feu l’excitait.
            Elle se décolla violemment de lui et le gifla une nouvelle fois.
  « C’est cela que tu voulais ? »
            Elle remua les hanches sur lui, collant son intimité encore vêtue à son sexe tendu, les frottant à travers les habits, ondulant rapidement. Milo gémit.
            Elle planta ses griffes dans son torse.
  « Je t’interdis d’émettre le moindre son ! Tu voulais jouer ? La maîtresse de jeu, c’est moi. »
            Elle tendit les pans de son T-shirt entre ses mains, déchirant le tissu, révélant le torse musclé et sombre. Elle rit en passant ses ongles longs sur la peau, dessinant les pectoraux en éraflure légère, pinçant légèrement les mamelons. Milo ouvrit la bouche, retenant de justesse le soupir qu’il avait failli laisser passer.

            Il entendit quelque chose de léger tomber par terre, un vêtement peut-être ? La confirmation lui vint quand il sentit des petits seins se coller contre lui. Ils étaient fermes, la peau douce. Shaina passa ses tétons dressés contre les siens, remuant doucement la poitrine pour le frôler, avant de se plaquer à lui. Elle sortit la langue et la glissa le long du torse de Milo, goûtant des lèvres sa peau, mordillant le corps solide. Ses cheveux accompagnaient le mouvement, chatouillement délicat autour du chemin des baisers. Shaina descendit sur le creux des abdominaux, s’abreuvant de la sueur fraîche qui commençait à y couler.
            Milo se mordit les lèvres, contenant ses gémissements de désir. Il sentit les doigts griffus égratigner son menton :
  « Bien, tu as compris qui dirigeait les opérations, chuchotait Shaina. Tu auras droit à une récompense… »
            Elle plongea son sein droit vers la bouche de Milo qui s’ouvrit docilement. Il suça le mamelon en érection, encerclant de sa langue sa rigidité, tandis qu’il pétrissait de ses doigts la fermeté souple de la peau. Il entendit Shaina gémir alors qu’elle passait au sein gauche, l’enfonçant entre ses lèvres accueillantes. Il s’enivra de la saveur doucereuse, tétant la poitrine tendue, la laissant pénétrer en vagues sucrées au fond de sa gorge.
            Shaina finit par se redresser en un parfum lacté, acidité esquissée dans la bouche du Grec.
  « Bien… », soupira-t-elle.
            Milo sentit quelle déboutonnait son jean, tirait sur la fermeture éclair. Il haussa sagement les hanches et elle glissa le pantalon le long de ses jambes, le dénudant de plus en plus. Son sexe tendu n’était plus recouvert que de son boxer, et sa délivrance le faisait pulser à la limite de la douleur.
  « Un serpent sauvage à dominer, rien de compliqué pour le Serpentaire », rit Shaina.
            Milo l’entendit ôter le reste de ses vêtements et sentit la peau lisse de ses jambes enserrer les siennes. Sa culotte mouillée frottait rapidement une de ses cuisses, alors que Shaina se masturbait dessus. Milo souffla. Ce n’était pas un son, si ?

            Les doigts acérés de Shaina plongèrent dans le boxer de Milo, enserrant le phallus érigé.
  « Serai-je indulgente ou cruelle ? », se demanda-t-elle à voix haute.
            Milo lui sourit. Il l’entendit rire et sentit qu’elle ôtait ce dernier rempart à sa nudité, se glissant entre ses jambes.
            Elle caressa de ses griffes le pénis en érection, plantant un ongle dans l’urètre du gland. Milo sursauta de douleur, se mordant la langue pour ne pas crier.
  « Intéressant… », chuchota Shaina.
           Elle arrondit ses lèvres sur le sexe tendu, serrant la base fermement, et plongea le goût tiède vers sa gorge, glissant la langue contre la chair salée. Elle remonta la bouche avant de rengloutir le phallus, en rythme rapide. Milo se mordit la main pour ne pas crier de plaisir alors que son corps frémissait en tentant de se vider entre les lèvres de l’Italienne. Sa bouche était un velours humide, ses joues se creusaient en succion régulière et sa langue un jouet qu’elle faisait glisser le long de la hampe.
            Milo n’arriva plus à retenir un gémissement de plaisir pur. Il sentit Shaina cesser sa besogne et gronder :
  « Je t’avais dit : pas un bruit ! Je vais devoir te punir alors… »
            Elle redescendit la bouche sur son sexe en érection et griffa son aine, plongeant vers les testicules dans lesquels elle planta ses ongles. Le mélange du plaisir de la fellation et de la douleur en dessous fit trembler Milo d’impressions contradictoires. Shaina continuait son ouvrage, suçant fermement le pénis. Elle retira ses ongles de la chair granuleuse, ne continuant que le va et vient de sa bouche. Milo se détendit alors que seul le désir se réinstallait dans son corps. Il expira en tendant les doigts sur la tête qu’il savait brune. Les cheveux étaient doux mais drus, épais et sauvages sous la pulpe de ses doigts, et ils crissaient alors qu’il les caressait.
            Shaina le mordit soudain, brève souffrance avant de poursuivre inlassablement sa succion douce. Milo se perdit dans les sensations, commençant à prendre un plaisir étrange dans les morsures et griffures qu’elle lui produisait par moments. Sa respiration devenait hésitante, et le sang battait dans ses tempes, au rythme de Shaina.

            Il la sentit avec regret s’éloigner de lui, mais ce ne fut que pour vite sentir son sexe chaud contre le sien. Elle s’était assise sur ses cuisses, et l’humidité entre ses jambes ne laissait nul doute sur son désir. Pourquoi était-elle si humide ? S’était-elle masturbée alors qu’elle glissait son phallus dans sa bouche ? La pensée manqua de faire jouir immédiatement Milo, et ce ne fut que ses longues années d’entraînement qui le retinrent.
            Shaina haussa les hanches et plongea le pénis dressé en elle, descendant lentement sur lui. C’était un tunnel de soie mordorée, un fourreau étroit où il s’était faufilé. Milo expira. Shaina posa les mains sur le ventre ferme du Grec et balança ses hanches, faisant aller et venir Milo dans son intimité gloutonne. L’odeur laiteuse de la peau de Shaina arrivait par bouffées aux narines de Milo, sucrerie acidulée qui collait à son palais. Il tendit les mains vers les fesses rondes et musclées, les empoignant, tentant d’accélérer leur mouvement.
            Shaina griffa distraitement ses abdominaux, occupée à gémir faiblement alors qu’elle faisait pénétrer le phallus plus profondément en elle. Elle se pencha sur Milo, plaquant le pénis sur sa paroi sensible, le faisant caresser le nœud gonflé de son vagin lors du va et vient en elle. Elle eut un petit cri alors que Milo heurta l’endroit sensible. Il sourit. Maintenant le bassin entre ses mains, il accéléra le mouvement, faisant attention à masser de son sexe la zone qui faisait gémir Shaina.
            Il sentait le tunnel duveteux s’humidifier de plus en plus, et le corps de Shaina se rigidifiait, à la limite de la crampe, son souffle sucré accroché au plaisir qui gonflait dans son sexe. Elle ouvrait la bouche en plaintes non articulées, tendant les mollets vers l’arrière. Puis soudain le plaisir l’envahit et son corps tressauta en orgasme humide sur Milo, spasmes musclés qui manquèrent de le faire jouir lui aussi.

            Le corps de Shaina s’écroula sur lui, mou suite à sa satisfaction. Plusieurs pensées traversèrent Milo. Il pouvait défaire son bandeau et voir son visage. Il pouvait continuer la pénétration, en quelques coups de rein il jouirait vite.
            Il poussa doucement le corps de la jeune femme sur le côté, la posant sur le ventre contre le sol. Les yeux toujours bandés il se pencha vers son oreille.
  « Moi aussi j’ai un aiguillon avec lequel je peux jouer », chuchota-t-il.
            Et il glissa son ongle le long de sa colonne vertébrale, griffant la peau fine jusqu’au sang. Elle gémit en creusant le dos. Milo rit. Il pétrit les fesses et les claqua, plongeant sa griffe dans leur chair à chaque coup. Elle geint doucement sous les piqures, redressant les hanches vers lui. Milo plongea alors son ongle dans le tunnel humide de son sexe, griffant son intimité. Shaina eut un petit cri. Milo tourna le doigt pour érafler le plus de surface à l’intérieur de la muqueuse, le corps de Shaina se contractant en spasmes involontaires autour de lui. Milo retira son doigt en souriant et pointa le bout de son ongle un peu plus haut vers le clitoris, glissant l’extrémité sous le capuchon. Il entendit Shaina protester en un hurlement tiède.
  « Hum… », consentit-il, reculant le doigt en une dernière griffure sur le bouton rose.
            Shaina agita violemment le bassin contre lui. Milo sourit, sachant enfin comment il allait se soulager. Il pointa son sexe humide de l’orgasme de Shaina entre ses fesses, appuyant fortement, plongeant dans l’intimité inexplorée. Shaina gémit alors qu’il entrait en conquérant en elle, la plaquant par terre alors que son pénis dressé se creusait un passage en elle. Il ne laissa pas un millimètre de son corps en dehors, écartant les fesses pour la pénétrer entièrement. Elle soupira faiblement, sentant le corps gorgé pulser en elle.
            Milo commença à aller et venir, ne laissant que le gland pour replonger au plus profond, adaptant l’intimité secrète à sa forme. Un plaisir étranger envahit Shaina alors que Milo continuait inlassablement ses coups de rein en elle. Il expira. C’était plus étroit encore qu’avant. Peut-être moins doux, mais si serré que chacun de ses mouvements l’emmenait au bord de l’orgasme. Shaina tremblait, des sons étranges sortant de sa bouche, graves et gargouillant. Milo accéléra, sentant que son corps ne supporterait plus longtemps le déni de l’orgasme qu’il recherchait tant. Shaina se contracta brutalement, en petit sursauts qui se prolongèrent en spasmes suçant entre ses fesses. Milo ne pensa plus. Il sentit son corps se raidir, et une onde de plaisir explosa en lui, s’échappant de son sexe plongé en Shaina, liquide blanc et gluant dans sa chair délicate. Il s’écroula sur le corps de la jeune femme.

            Ils restèrent enlacés quelques minutes, puis Shaina se tourna, faisant glisser Milo loin de son corps. Il resta allongé sur le sol, la bouche encore ouverte par l’orgasme, les muscles détendus soudain. Shaina sourit. C’était un bel homme, il n’y avait rien à y redire. Elle chercha son masque et le reposa sur son visage avant de se rhabiller. Milo ne bougeait toujours pas, s’endormant sur les dalles froides. Shaina s’agenouilla près de lui et défait le bandeau doucement. Elle le porta à sa tête. Le tissu était imprégné de l’odeur de Milo, musc aride et puissant. Cela plut à Shaina qui le renoua à sa taille. Elle plongea la main dans sa poche, le médaillon était toujours là.
            Satisfaite, Shaina repartit.

            La brise de la nuit recouvrit le corps nu de Milo, le faisant frémir dans son sommeil. Il ouvrit les yeux. Les pierres du temple étaient souillées, le tissu de son défunt T-shirt avait été balayé par le vent un peu plus loin. Ce n’était pas sérieux. Milo s’assit.
            Shaina… La reverrait-il ? Il n’était pas sûr de pouvoir subir une relation de ce type trop souvent, mais elle était jouissive…
            Milo s’ennuyait déjà loin d’elle.

L'amour ne suffit pas : chapitre 18


Chapitre 18 — Fondation Graud


        Ils avaient une semaine. Ikki avait lancé son défi et Shiryû était parti faire réparer les armures de Pégase et du Dragon. Réussirait-il ?
       Les mains dans les poches, Seiya soupirait à cette idée. Il n'avait jamais prévu que son armure puisse "mourir", ni que Shiryû devrait aller si loin pour un faible espoir.
  « Tu ne devrais pas rester là à ruminer ta mauvaise humeur », dit une voix noble sur sa gauche.
        Saori était au seuil de la pièce, les bras croisés, la présence altière.
« Et que devrais-je faire selon vous ? », ragea Seiya.
        Saori se rapprocha et frôla son épaule de sa main gantée.
  « Sortir... Allez voir Hyôga et Shun, ou ton amie Miho... Aller en ville, te promener... Pas rester ici sans bouger, l'esprit concentré sur les mêmes problèmes... »
        Seiya tourna la tête vers elle, intrigué. Il pensait qu'elle se moquerait, ou qu'elle serait verte de rage. Pas compatissante. L'âge l'avait-elle tant transformée ?
        Il bredouilla une acceptation en la contournant pour sortir de la pièce, étrangement conscient des yeux vifs sur lui. Rien de ceci n'était normal

        Sur le perron, Hyôga était assis sur un banc, le regard dans le vague. Seiya s'arrêta :
  « Comme me le dirait quelqu'un d'improbable, tu devrais t'aérer l'esprit. »
        Il entendit Hyôga rire en réponse.
« Je n'ai aucun problème... J'ai eu un choix à faire à un moment... mais j'ai pris le bon », finit le Russe en souriant.
        Seiya inclina la tête sans comprendre.
« Alors pourquoi restes-tu ici avec un air triste ?
  – Je le regarde lui... », murmura Hyôga en pointant du menton devant lui.
        Seiya suivit le regard. Dans la pelouse, à l'ombre d'un arbre, Shun s'était assis, une fleur frêle d'automne dans la main gauche. Il leur tournait le dos, mais ses épaules s'étaient affaissées, et une bretelle avait glissé le long de son bras.
« Il est là depuis des heures..., expliqua Hyôga. Je vais régulièrement le voir, mais il ment en me disant qu'il va bien. Puis il ne dit plus rien et replonge dans ses pensées, et... elles ne sont pas joyeuses
  – Normal, c'est son frère..., observa Seiya. Néanmoins, j'ai remarqué qu'il t'aime bien Hyôga. Même s'il ne te dit rien, peut-être, juste être avec lui, lui ferait du bien ?, suggéra-t-il.
  – Hum... », commenta juste Hyôga.
        Seiya s'étira.
  « Je vais faire un tour et rentrer chez moi. Il y a encore six jours, profitons-en du mieux qu'on peut ! », s'exclama-t-il.
        Il partit en trottinant.
       Hyôga avait déjà reposé les yeux sur le jeune homme châtain, détaillant chaque cheveu, chaque pore de peau. En expirant il se redressa et retourna aux côtés de Shun.

  « Que regardes-tu ?, lui souffla-t-il à l'oreille.
  – Les nuages... Ils font des dessins portés par le vent... Le vent souffle une réponse, et j'essaie de l'entendre », chuchota Shun.
        Hyôga s'assit derrière le jeune homme et posa ses mains sur ses épaules.
  « Je vois une sorte de... girafe ?, tenta-t-il d'observer. Elle essaie de monter dans un... bus ? Mais devant eux il y a un... chamois géant ? »
        Les iris verts de Shun sur lui l'interrompirent dans sa description. Il avait haussé le sourcil et le regardait les lèvres entrouvertes :
  « Tu plaisantes, tu ne peux pas voir ça, si ?
  – Hum, je vois vraiment ça en fait Shun... », s'excusa Hyôga.
        Shun le jaugea du regard et se mit à rire :
  « Mais comment peux-tu imaginer de telles choses ?!
  – Je ne sais pas... »; sourit Hyôga, ravi d'avoir interrompu le flux de pensées moroses de son ami.
        Shun soupira en posant la tête sur l'épaule du Russe.
  « Merci d'être là... », chuchota-t-il en l'encerclant de ses bras.
        Shun était léger mais solide, le muscle dur sous la peau douce, et sa présence était une chaleur tiède contre Hyôga. Les cheveux châtain frôlaient sa joue en caresse épicée, et son corps exhalait une odeur suave, légèrement salée. La chose était complètement troublante pour Hyôga qui étreignit inconsciemment la forme entre ses bras, respira profondément son parfum chaud. Shun était chaud contre lui, entrant en résonance avec le circuit qui traversait son torse.
        Hyôga oublia tout à part la sensation douce contre lui.


        Seiya balaya le sable de la cour du pied.
  « Je n’ai toujours aucune nouvelle de Seika… Et la promesse de m’aider si je gagne le tournoi, alors qu’il n’y a plus de tournoi, c’est juste…! », rageait-il.
        Miho s’était assise sur une balançoire sur sa gauche et se laissait mollement aller.
  « Alors pourquoi ne laisses-tu pas tout tomber ? », demanda-t-elle.
        Seiya soupira.
  « Pourquoi… Parce que si j’aide Saori Kido un peu plus, elle finira par accepter de m’aider. Parce que j’ai une dette envers Shiryû. Parce que je me suis engagé. Parce que ! », hurla-t-il en serrant les poings.
        Le grincement métallique léger des chaînes de la balançoire lui répondit juste. Miho regardait le sol orangé par le soleil du soir en se pinçant les lèvres.
  « Parle-moi de Saori Kido », déclara-t-elle soudain.
        Seiya se tourna vers elle avec un air interrogateur
  « Pourquoi ?
  – Parce que ! », répliqua-t-elle.
        Seiya rit en se frottant le nez.
  « Et bien…, commença-t-il, elle a changé depuis l’enfance je trouve. Plus noble, un peu plus diplomate. Et pourtant elle est toujours désespérément autoritaire, se croyant une princesse dont on doit exaucer le moindre désir, expliqua-t-il.
  – Est-elle belle ?, se renseigna Miho.
  – Hum, tu as dû la voir à la télé, non ? »
        Elle serra la chaîne de la balançoire, passant ses doigts à travers un anneau.
  « Oui mais la télévision améliore les choses parfois. Je veux savoir ce qu’il en est vraiment, mentit-elle.
  – Hum, je suppose que oui elle est belle, répondit Seiya après un instant de réflexion, avec de longs cheveux bruns et des gestes aristocratiques.
  – Je vois… »
        Miho se redressa, levant les yeux vers le crépuscule.
  « Il est tard… Tu devrais rentrer chez toi, dit-elle.
  – Tu ne m’invites pas à manger avec vous ? », s’étonna Seiya.
        Elle serra les poings.
  « Pas ce soir, un des petits est malade, et je dois m’en occuper pour la nuit.
  – Ah d’accord. Au revoir alors ! », rit-il en s’éloignant.
        Miho soupira en fixant le sable. Rien, il ne comprenait rien.
        L’idiot.


  « Pourquoi as-tu changé d’avis ? », lui demanda soudain Shun.
        Il s’était allongé sur le canapé, la tête renversée sur l’accoudoir et les mains croisées dans le vide devant lui.
  « Changé d’avis ?, s’étonna Hyôga.
  – Les autres croient que tu plaisantais quand tu disais que le Sanctuaire t’avait envoyé nous tuer. Mais tu ne plaisantais pas, je le sais, expliqua Shun. Alors pourquoi as-tu changé d’avis ? »
        Hyôga se colla plus contre la fenêtre, refusant de laisser entrevoir son visage.
  « Les choses… ne sont pas si simples que je croyais », finit-il par répondre.
        La vitre, refroidie par les premiers frimas vespéraux de l’automne, s’embuait sous sa respiration, souffle chaud honteux.
  « Et que croyais-tu ? », insista la voix douce derrière lui.
        Le Russe appuya son visage contre le carreau, dessinant des lignes non réfléchies du bout de son nez.
  « Je croyais que vous n’étiez tous que des gens sans conscience pour participer à ce tournoi… Des êtres vils, sans respect. J’ai jugé vite… »
        Sa voix s’étouffa.
        Shun écarta les yeux en laissant tomber ses bras mollement sur le velours blanc du canapé. La silhouette blonde se détachait sur la fenêtre immense du salon, ombre en contre-jour sous la luminosité s’affaiblissant.
  « Puis je vous ai vus… Vous aviez tous des raisons d’être là, toutes respectables, poursuivait Hyôga. Seiya a même risqué sa vie pour sauver Shiryû. Et là j’ai réalisé… »
        Il trembla alors qu’une main délicate se posait sur son bras. Les doigts fins agrippèrent légèrement le coton de sa chemise.
  « Tu as réalisé ? », l’encouragea Shun.
        Hyôga inspira.
  « J’ai réalisé à quel point le plus présomptueux, c’était moi. Moi le vaniteux de m’être cru si supérieur… », termina-t-il.
        Il se retourna pour voir un Shun souriant sous le soleil du soir. Ses yeux tristes s’étaient refermés dans une tendresse qui irradiait de son sourire généreux.
  « L’essentiel est que tu aies réalisé tes erreurs, dit-il en un soupir. Tout le monde peut se tromper, mais doit-on condamner toutes les fautes ? »
        Il lâcha la chemise de Hyôga et posa sa main sur la vitre, dégageant la légère buée du bout des doigts.
  « Bien sûr que non… », murmura-t-il.
        Il tourna son visage rose vers Hyôga et dit doucement :
  « Je garde l’espoir ! »
        Hyôga s’en retint de respirer.
        Badinait-il ? Etait-il sérieux ?
        Shun avait deux petites fossettes autour de sa bouche et une sur son menton. Quand il souriait, elles se creusaient, et Hyôga ne pouvait pas en détacher son regard.
        L’espoir hein ?

Suite -> Chapitre 19

L'amour ne suffit pas : chapitre 19

AmourNeSuffitPas19
Chapitre 19 — Japon

            Les cavernes s’enfonçaient en labyrinthe obscur et vapeur chaude. Une odeur familière de soufre s’enfonçait dans ses souvenirs alors qu’il les arpentait, les doigts glissant sur les parois granuleuses. Parfait, un vrai piège, dont aucun de ses anciens camarades ne saurait ressortir. Une ombre le frôla sur sa gauche.
  « Seigneur Ikki, murmura-t-elle, je me demande juste… Pourquoi au juste voulez-vous vraiment les tuer ? Nous pourrions juste leur prendre les morceaux d’armures, et ainsi vous auriez ce que vous désirez… »
            Ikki tourna ses iris sombres vers la silhouette aux longs cheveux.
  « Oserais-tu remettre mes ordres en question, Dragon noir ? »
            L’interpellé plissa les yeux en riant doucement :
  « Vous me connaissez assez pour savoir que non… Je voyais juste là un gain d’énergie, mais je ferai selon vos souhaits. »
            Il posa la main contre son ventre et s’inclina légèrement avant de repartir
        Ikki avança, baissant le regard sur un gouffre noir au détour du tunnel. Jusqu’où allait-il ? Assurément quiconque y tombait ne pouvait plus en ressortir. Ikki s’accroupit devant. 
          Il les avait regardés.
          Seiya, semblant plus impertinent que jamais. Si prétentieux lors de ses combats, puis si apte à tout faire pour se rattraper en réalisant qu’il était allé trop loin. Adorant occuper l’espace lors des interviews, faisant jouer la corde sensible. Un idiot. Il serait simple à battre.
          Shiryû, plus loquace que dans ses souvenirs, mais n’ayant toujours pas dépassé son complexe de supériorité. Intelligent mais semblant l’oublier lors des combats. Un sacré avantage pour Ikki.
            Hyôga, toujours aussi froid. Il était calculateur, orgueilleux à raison. Mais ses interviews et sa réaction lors de la venue d’Ikki montrait clairement à ce dernier que le sentimental n’était pas loin. Ikki avait la parfaite attaque pour ça.
            Shun… Il semblait avoir trouvé une sorte de paix avec sa douceur, et avait laissé parler assez sa puissance pour obtenir son armure. Et ses yeux… Reflets moirés sous une giboulée de campagne, vert vibrant de candeur. Comment avait-il réagi déjà ? Il s’était pétrifié, s’était laissé glisser à terre en respirant bruyamment. Et maintenant ? Ikki tressauta. Shun était l’inconnue pour lui, celui qu’il voulait voir maîtrisé au plus vite, avant de perdre contrôle. 
            Ikki serra les poings en se redressant. Il n’était pas seul. Ses alliés étaient puissants et affaibliraient assez ses anciens camarades et son frère. Il s’oublierait dans le sang, il effacerait toute trace de ses erreurs, de ses sentiments, et tout témoin disparaîtrait.
            Il contourna le gouffre et s’enfonça encore plus profondément dans la montagne. La puanteur étouffante était une alliée, lui et les Chevaliers noirs y étaient habitués, par contre les autres… Ikki rit. Tout serait vite terminé. 

            Seiya sursauta.
           Il avait rêvé de Shiryû. Le Chinois était dans des montagnes inconnues, un vent froid courant sur ses épaules. Un nuage se collait à lui, l’étouffait en toison blanche et Shiryû s’évanouissait sous un ciel rouge.
          Seiya avait hurlé.
          Des râlements de mécontentement lui étaient venus de la part de ses voisins dessous.
          Il se rallongea, les bras en croix. Il imaginait beaucoup trop de choses, Shiryû irait bien, il était fort, non ? Il reviendrait même certainement à temps, les armures réparées sur le dos, le sourire aux lèvres. Non, Seiya ne devait pas s’inquiéter. Il se le chuchota avant de se rendormir doucement.
   « Je suis occupée », avait protesté Miho quand Seiya était venu lui raconter son rêve le lendemain.
            Elle siffla l’envoi du match, à la grande joie des enfants, qui coururent sur le terrain. Seiya plongea les mains dans ses poches, et la regarda pensif.
  « Tu n’approuves pas le fait que nous allions nous battre demain, c’est ça ? », demanda-t-il.
            Cela faisait plusieurs jours qu’elle était distante, ayant toujours quelque chose à faire quand il venait. Seiya commençait à voir la manœuvre.
  « Mais non Seiya ! C’est juste que j’ai un travail très prenant tu sais, objecta Miho.
  – Et tu ne peux pas me parler tout en les arbitrant ? »
            Elle souffla dans son sifflet en courant vers un des enfants.
  « On ne tire pas les cheveux d’un membre de l’autre équipe ! »
            La petite fille grimaça en obtempérant. Miho revint en dehors du terrain.
  « Tu vois, ça me prend beaucoup de temps ! », s’exclama-t-elle.
            Il soupira. Les couettes courtes de Miho se balançaient au rythme de ses sauts d’excitation et de ses précipitations pour arbitrer. Seiya baissa la tête, balayant le sol des yeux.
  « Tu sais, commença-t-il alors que Miho était sur le bord de la cour, j’ai juré d’être chevalier d’Athéna ? Tu sais ce que ça signifie ? »
            Elle ne lui répondit ostensiblement pas.
  « Ce genre d’armure, comme celle qui a été volée, est sacrée, continua-t-il sans relever le visage, il est hors de question que quelqu’un d’indigne ne la porte. Et Ikki, en blessant gravement certains, en frappant son propre frère, et en nous menaçant tous, n’en est pas digne. »
            Miho cria soudain un encouragement. Impassible, Seiya poursuivit :
  « Nous avons donc à faire à Ikki, et visiblement au minimum trois autres Chevaliers noirs puissants. Et que pouvons-nous leur opposer ? Shun a beau dire qu’il se battra, jamais il ne pourra affronter un frère bien-aimé. Jabu et les autres sont repartis s’entraîner. Je n’ai plus d’armure. Nous ne savons pas si Shiryû rentrera. En fait le mieux placé, c’est Hyôga. »
            Seiya expira en redressant le menton. Miho lui tournait toujours le dos.
  « Mais même sans armure, je dois me battre, c’est mon devoir. Et je dois croire en la venue de Shiryû. Comprends-tu ? », demanda-t-il.
            Elle eut un rire nerveux.
  « C’est toi qui ne comprends pas… Toi qui ne comprends rien. Tu me fais de grands discours sur l’honneur sans réaliser que ta vie est en jeu, sans réaliser que tu te soucies plus de ton armure que des gens qui t’aiment. »
            Elle avait serré les poings et tremblait un peu.
  « Mais va donc en T-shirt d’été face à des types qui te massacreront en une seconde, tout ça pour les yeux de Saori Kido ! »
            Elle siffla la fin de la partie et alla voir le groupe d’enfants sans se retourner.
            Seiya restait interloqué. Que voulait-elle dire ?
            Elle avait raison, il ne comprenait rien.
 
            Assis sur son lit, il avait ouvert la main, regardant le médaillon dans la paume. Son frère lui avait dit que c’était un souvenir de leur mère. Il l’avait décrite, forme mince et châtain, avec de longs cils et les yeux verts comme ceux de Shun. Mais Shun associait plus le pendentif à son frère. C’était Ikki qu’il voyait se refléter dans le pentacle, se penchant pour le lui offrir avant qu’ils ne soient séparés.
        Shun sentit une larme involontaire glisser le long de sa joue.
       Il avait fini par prendre sa décision.
      Cela faisait une semaine qu’il réfléchissait à comment radoucir Ikki. Il le savait, sous l’apparence dure, il y avait toujours le jeune homme sensible qu’il connaissait. Il y avait pensé en regardant la photo dans la presse. Ikki y était montré sous son jour dur, les yeux courbés de haine, accentués par la cicatrice entre ses sourcils, la bouche prise d’un rictus. Mais sous ces traits, Shun retrouvait le regard pur juste voilé, le sourire déformé par la souffrance. Non, Ikki n’était pas le monstre que ses camarades imaginaient. Et cela seul Shun le savait.
     Le jeune homme serra le médaillon dans sa main et le rattacha autour de son cou. Il se souvenait toujours de ce qu’il avait capté chez Ikki. Son empathie se souvenait de chaque sentiment, mélodie sourde en lui. Au choc avait succédé la stupéfaction. Puis ce fut un mélange de peur, de désespoir et d’amour blessé. Enfin, Shun avait fini par accepter. Nier ne servait à rien. La tristesse l’avait submergé. Etait-il coupable ? Si Ikki n’avait pas dû l’aider autant enfant ? S’il n’avait pas dû aller dans cette île maudite ? Shun avait mordu ses draps pour ne pas crier son déchirement, et inquiéter plus encore son voisin concerné. Mais le remords ne servait à rien.
    Lentement, Shun avait imaginé toutes les attitudes qu’il pouvait avoir, les réactions qu’elles produiraient chez Ikki. Il avait joué dix milles scènes différentes avec les mêmes personnages et le même contexte. Puis il sut. Seule cette réponse pouvait fonctionner. Il avait tremblé, incertain d’être prêt.
            Mais c’était Ikki…
            Shun frémit sous sa résolution.
            Le métal froid du pendentif le picotait légèrement, reproche fourmillant.
            Mais c’était pour Ikki…

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