Chapitre 15 —
Bateau vers le Japon
Warning : légère scène érotique
Il
glissa ses doigts sur le journal. L’article était encadré en page centrale. Il
y avait la photo du manoir qu’il reconnaissait, celle d’une sorte de Colisée
reconstitué aux dégradations près, et celles des participants actuels. Les
petites frappes de son enfance, il n’en pensait pas mieux. Sauf… L’image était
en noir et blanc, mais il avait reconnu immédiatement les traits délicats, les
cheveux soyeux, le sourire convivial.
« Shun… », murmura-t-il.
Une
partie étrange en lui se gonfla de fierté. Il avait survécu et avait même
gagné.
Pourquoi ?
Pourquoi l’obligeait-il à aller jusqu’au bout ?
Shun
avait grandi, il avait perdu les joues rondes de l’enfance. Mais son visage
était toujours lisse, pur, avec un nez fin et recourbé, des lèvres fines
délicatement ourlées, et de longs cils encadrant un regard qu’Ikki savait vert
comme une prairie.
Shun
était en fait devenu très beau, avait réalisé Ikki en tremblant.
Ikki
avait lu qu’ils allaient s’affronter pour gagner une armure d’or. Une armure
d’or… Cela éveilla quelque chose en lui, comme un souvenir oublié qui remontait
par impression. On était sûrement fort avec une telle armure…
Il
plissa les yeux en s’emparant d’un stylo et d’une feuille.
Un
frappement léger se fit entendre à la porte de sa cabine.
« Entre ! », maugréa Ikki en commençant à écrire.
Les
pas feutrés venaient du Cygne Noir. L’homme mince referma la porte derrière lui
et se rapprocha d’Ikki.
« Nous
arriverons demain, déclara-t-il.
– Bien… Tu
iras poser cette lettre demain », répondit Ikki en mettant son papier dans
une enveloppe.
Le
Cygne Noir le regarda, surpris.
« Neuf
participants hein ?, répondit Ikki en souriant. Le chiffre ne tombe pas
juste… Dix, c’est mieux, non ? »
Le
Cygne Noir hocha la tête en comprenant et alla vers Ikki. Il posa la main sur
son torse et murmura :
« Maître Ikki… Désirez-vous que je ?
– Tu peux
rester », opina Ikki.
Le
Finlandais s’agenouilla devant lui, et déboutonna le jean rouge d’Ikki, tendant
les doigts dans l’ouverture. Ikki soupira.
Ils
avaient pris un bateau. On le leur avait offert sans demander de le ramener ni
même où ils comptaient aller. Les gens avaient peur d’eux, Ikki le sentait. Il
s’en moquait, c’était même grisant. Le bateau était moyen, et Ikki savait que
les Chevaliers Noirs n’avaient pas un large espace. Sa cabine étroite était
probablement l’endroit le plus spacieux. Et c’était pourtant le plus grand
bateau de Death Queen.
Ikki
avait nommé les quatre seigneurs Chevaliers Noirs ses lieutenants. Le Dragon Noir
et son frère caché, intégrité étrange, Andromède Noir et son sadisme tu, Pégase
Noir et sa force, le Cygne Noir et sa fidélité absolue.
Ikki
soupesa les hanches alors que le Finlandais descendait le jean sur ses jambes.
Le jeune homme brun baissa la tête sur son ouvrage, ouvrant la bouche en un
gémissement faible. Sa langue humide glissa sur Ikki alors qu’il plongeait le
sexe dressé au fond de sa gorge, gargouillis âpre sur sa respiration coupée.
Ikki regarda la tête brune qui allait et venait sur lui. En un râle rauque, il
tourna le menton vers la table. Le journal était toujours là, ses photos
pointées vers Ikki. Un désir aigu l’envahit.
Ils
avaient croisé un bateau japonais la veille. En plus de bouteilles d’eau, ses
occupants leur avaient donné un journal "pour qu’ils se tiennent au
courant des nouvelles du pays". Ikki l’avait ouvert par curiosité. Il ne
reconnaissait plus trop certains caractères avait-il ragé, mais il comprenait
l’essentiel. Une femme était devenue présidente du parti socialiste. Un accusé
avait été reconnu innocent. Un réalisateur était mort. La fondation Kido
organisait un tournoi.
La
fondation Kido ?
Ikki
avait tressauté.
L’article
parlait de ce tournoi, les Galaxian Wars, avec des participants aux
pouvoirs "cosmiques". Ikki avait ricané. Puis il avait vu les photos.
La plus grande représentait Saori Kido. Dans sa robe blanche, elle croisait
pudiquement les mains, mais ses yeux n’avaient pas perdu l’éclat vif de son
adolescence. En dessous, dans des cadres noirs de taille identique étaient
collés les portraits des participants. Le vue de celui de son frère avait remué
les sentiments refoulés d’Ikki, et il ne parvenait guère à cesser de le
regarder.
Shun…
Le
Finlandais avait accéléré le rythme. Les yeux posés sur le journal, Ikki
soupira de plaisir. Il posa les mains sur la tête du Cygne noir, empoignant des
mèches de cheveux, imposant sa cadence. Il sentit le Finlandais légèrement
s’étouffer et relâcha à regret. Le Cygne noir ôta sa bouche et regarda le
Japonais :
« Seigneur Ikki, ne vous sentez pas obligé de me ménager. »
Ses
cheveux noirs s’étaient emmêlés sous les doigts d’Ikki en chaos léger sur son
crâne. Ils avaient glissé sur ses yeux sombres, en fils fins se courbant vers
ses lèvres entrouvertes.
Ikki
se redressa et rattrapa la tête du Finlandais pour le coller à lui. Ce dernier
ouvrit docilement la bouche en désir humide alors que les coups de rein d’Ikki s’enfonçaient
au fond de sa gorge.
Ikki
ferma les yeux. Il ne pensait plus à rien, ne ressentait plus de sentiments.
Plus rien à part un plaisir perçant qui traversa son corps en spasmes visqueux.
Il
releva les cils doucement et un réflexe lui fit tourner la tête vers la table.
Le portrait était toujours là, doux et souriant. Un malaise noir retraversa son
corps vidé.
Ikki
trembla.
Les
Galaxian Wars hein ?
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