Chapitre 16 —
Japon
Ils
étaient présomptueux en plus.
Ichi…
Si fier de sa méthode pourtant si inefficace… Et il avait vu le combat de Seiya
et celui de Jabu. Arrogants, prétentieux, si sûrs d’eux… Ils se pavanaient dans
un tournoi public, rompaient le serment de discrétion et osaient s’en vanter.
Le Sanctuaire avait raison de vouloir les éliminer.
« Hyôga ! », appela la voix douce sur sa gauche.
Le
blond posa négligemment les yeux sur son interlocuteur. Il ne l’avait pas vu
combattre, mais s’il était là, il ne valait pas plus que les autres. Hyôga
détourna la tête et poursuivit son chemin.
« Tu
n’as pas changé, rit la voix derrière lui. La première fois que tu m’as vu, tu
ne voulais pas plus me parler, prétendant être rude et austère. »
Hyôga
soupira, visiblement son interlocuteur insistait. Il le regarda. Son visage
avait quelque chose de familier, présence tendre de son enfance. Puis il se
souvint, écartant légèrement les lèvres :
« Shun ? », énonça-t-il.
Le
jeune homme châtain rit en réponse.
« Je
suis content de retrouver un visage amical ! », s’exclama-t-il.
Hyôga
se sentit perturbé. Amical ? Ils ne s’étaient pas vus depuis des années.
L’âge adulte les avait transformés. Comment pouvait-il être
"amical" ? Il grommela quelques mots inaudibles en continuant
d’avancer vers les vestiaires. Shun trottina à ses côtés.
« Il
doit faire trop chaud pour toi je suppose…, disait-il. Tu n’as jamais aimé ça.
Et puis septembre au Japon est encore lourd et étouffant… »
Comment
se souvenait-il de telles choses ? Hyôga évitait de le regarder, mais il
sentait le corps tiède gambader sur sa gauche. Il dégageait des ondes douces et
mélodieuses, comme le vent qui soufflait sur la banquise. C’était
désagréablement plaisant.
Hyôga
s’assit sur le banc du vestiaire, ôtant son armure pièce par pièce. Shun lui
tendit une serviette.
« Merci… », finit par répondre Hyôga.
Shun
souriant s’assit à ses côtés. Le jeune homme blond le regarda enfin.
Ses
cheveux épais descendaient en courbes souples le long de son visage, douceur
châtain accentuant le rose de sa peau crème. Ses yeux larges verdoyaient sur
son sourire, finement cerclés de longs cils noirs. Il était mince, mais son
corps solide trahissait une musculature cachée. Il s’était un peu penché, et
les manches de son polo remontaient légèrement, laissant voir des cicatrices
encore rouges en forme de maillons, gravées sur sa peau.
« Qu’est-ce que ? », demanda Hyôga en tendant les doigts
vers les brûlures.
Shun
posa sa main sur les marques et répondit tranquillement :
« Ce
sont les souvenirs de mon épreuve… Pour gagner l’armure.
– Ton
épreuve ? », s’étonna Hyôga.
Il
réalisa brutalement qu’il n’avait eu aucune épreuve à passer.
Shun
lui sourit en baissant la manche sur ses cicatrices et tapota amicalement la
main qui le frôlait. Hyôga retira prestement ses doigts.
« Je
ne savais pas..., hésita-t-il. Je ne savais pas que ça avait été si dur pour
toi…
– Ce n’est
pas grave… », sourit Shun.
Hyôga
frémit. Il devait tous les
assassiner. Shun y compris.
« Pourquoi
es-tu là ? », demanda-t-il sans même s’en rendre compte.
Shun
baissa les yeux en une mimique nostalgique.
« Ah…,
soupira-t-il. Je veux revoir mon frère… »
Son
frère. Bien sûr. Hyôga se souvint brutalement de tout. L’échange de places,
l’île d’où personne ne revenait, les serments qu’ils s’étaient faits…
Shun
releva la tête en un sourire lumineux.
« Mais
tu as tenu ta promesse de revenir, j’ai tenu la mienne, il tiendra sûrement la
sienne ! Même non chevalier, ce n’est pas grave, l’essentiel, c’est qu’il
revienne ! »
Les
pensées de Hyôga tremblèrent. Il ne devait pas se laisser amadouer, il ne
devait pas…
« Alors quel est votre sentiment à l’issue de ce
combat ? »
La
journaliste était petite, mais elle trépignait beaucoup et occupait une place
folle. Hyôga avait l’impression que bien qu’il fût l’interviewé, c’était elle
la star du show. Le caméraman centrait sur elle, et elle se retournait vers ce
dernier agitant les doigts en mimiques expressives.
« Vous
avez bien vu le combat retransmis… », soupira le Russe.
La
présentatrice fit une mine boudeuse et tâta son épaule en ouvrant exagérément
la bouche.
« Whaou ! Mais il est solide ! Vous voyez ça, un homme
bien bâti ! »
Hyôga
recula instinctivement, mais la journaliste était déjà passée à Seiya, passant
la paume de sa main le long de son bras.
« Et
là aussi un bel homme tout en muscles !, commentait-elle. Quelle chance
j’ai d’être entourée d’aussi beaux jeunes hommes ! »
Elle
se colla à Seiya qui rougit légèrement.
« Alors, j’ai cru comprendre que vous veniez de Grèce ?,
demanda-t-elle.
– Oui j’y
ai passé plus de six ans…, répondit Seiya.
– Et on m’a
chuchoté que vous aviez une histoire familiale tragique ?, minauda-t-elle.
– Oui je
recherche ma grande sœur… Si d’ailleurs elle regarde…
– Et
comment s’appelle-t-elle ?, le coupa la présentatrice.
–
Seika. »
La
journaliste s’éloigna de Seiya et frotta des yeux faussement agrandis de
chagrin.
« Seika si tu nous écoutes, ton frère attend ! »
Elle
alla vers Shiryû, la caméra toujours rivée sur elle, et plongea la main dans
ses longs cheveux noirs.
« Impressionnant !, admira-t-elle. Moi aussi j’en voudrais des
pareils ! »
Elle
caressa sa propre coiffure en larmoyant artificiellement.
« Comment parvenez-vous à combattre en gardant vos cheveux aussi
beaux ? »
Shiryû
ouvrit la bouche de surprise, ne sachant que répondre.
« C’est… leur nature… », finit-il par dire.
La
journaliste le fixa :
« Un
peu timide, non ? »
Sans
attendre sa réponse elle passa à Shun :
« Et
notre dernier invité ! Le beau Shun… »
Elle
posa son menton sur son épaule gauche, mimant un regard de chiot, et il rit
mécaniquement.
« Vous
combattez après-demain, c’est ça ? »
Il
opina de la tête.
« Impatient ?, interrogea-t-elle.
– Et bien…
Je suis curieux de voir comment ça va se passer oui. »
La
présentatrice poussa un petit cri en se détachant de lui. Elle se rapprocha de
la caméra et fit un clin d’œil.
« Coupez ! », hurla un homme dans un coin.
La
journaliste se retourna vers les chevaliers et salua de la main :
« Bye
bye les garçons ! »
Elle
quitta la pièce, suivie par des techniciens.
Hyôga
vint vers Shun :
« C’était quoi ça ? »
Le
jeune homme châtain haussa les épaules en soupirant :
« La
télévision… C’est particulier je sais… »
Il
plongea les mains dans les poches et tourna un visage souriant vers son voisin.
« C’est ta première interview hein ?, constata-t-il
– La
première et la dernière oui…
– Il y en
aura forcément d’autres…, répliqua Shun.
– Et ça ne
te gêne pas que… »
Hyôga
s’interrompit, regardant la peau claire de son interlocuteur. Shun pencha la
tête, interrogateur :
« Qu’est-ce qui devrait me déranger ?
– Cette…
proximité, déglutit Hyôga
– Ah
ça ! »
Shun
rit.
« Je
n’aime pas forcément ça mais je joue le jeu… Il faut bien si je veux revoir mon
frère… C’est le seul endroit où il viendra me chercher… », murmura-t-il.
Hyôga
tendit la main vers le bras de Shun pour le conforter, ayant brutalement
l’impression de l’avoir blessé sans le vouloir. Shun se pressa contre lui et
posa sa tête sur son épaule. Hyôga le sentit légèrement trembler.
« Merci… », chuchota Shun en se redressant.
Il
lança un sourire lumineux vers Hyôga et alla parler à Seiya.
Hyôga
resta pétrifié. Il sut à cet instant qu’il serait incapable de tuer Shun.
Quel
piètre assassin il faisait, se dit-il, amer.
Note : Oui la journaliste est insupportable
mais quasi toutes les émissions de ce genre au Japon sont présentées un peu de
la sorte. Je ne suis pas sûr que c’était déjà le cas à l’époque, mais j’ai
gardé en mémoire les émissions que j’ai vues. ^^ ;
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